Appuyé au mur

L’art peut-il vous sauver la vie ? Le cinéma dans le cas de Jacques Meilleurat ? L’image aurait-elle le pouvoir de reformuler le passé pour mieux l’exorciser, le fabriquer pour mieux le déconstruire, le digérer, le comprendre, l’assimiler, le diluer, tout en lui donnant corps, et puissance évocatrice ? Telle une danse initiatique, magique, qui vous permettrait de transcender votre trauma pour en faire une force ?

Le film de Jacques Meilleurat donne cette impression. En lui permettant de raconter son histoire d’enfant maltraité… et de sa renaissance, il rend un très bel hommage au potentiel poétique et réparateur du cinéma. Il utilise le noir et blanc sublimé pour marquer son errance, le mensonge de la fiction (contrat fictif avec un éditeur pour évoquer son passé), le travail du son avec sa voix désincarné émis par un vieil enregistreur, témoignage entrecoupé de scènes de films aux personnages douteux lorsque ce n’est pas par de petits films d’étudiants surréalistes. Jacques Meilleurat utilise toutes les possibilités offertes par son art pour nous faire connaître et ressentir ces moments proches de l’abîme, entre lumière et ténèbres, violence et douceur, cruauté et pardon. Une belle leçon de cinéma et de vie.