Camouflage

Des pieds nus vulnérables face à la dureté de l’asphalte martèlent le sol sans relâche et tentent de déterrer ce qui cherche à passer inaperçu. Felix Bruzzone est écrivain et sa course est cathartique. Revenu s’installer en famille près du camp militaire Campo de Mayo, il découvre très vite que ce camp a été un centre de détention clandestin « Campito » et surtout le lieu où sa mère a disparu pendant la dictature en Argentine. Décontenancé par cette « coïncidence », il se met à parcourir en courant ce lieu mystérieux et y multiplie les rencontres avec ceux qui y sont liés de près ou de loin. L’endroit est ténébreux et le film l’analyse aussi bien dans sa géographie que son humanité. Aucun carton explicatif concernant la dictature en Argentine ne vient rendre fluide l’entrée en matière du film. Ce flou volontaire atteste de la difficulté d'élaborer une mémoire collective. Camouflage propose une expérience hybride où se mêlent expérience ludique, libératrice et politique.