Le livestreaming est une pratique très courante et populaire en Chine, surtout dans les provinces rurales les plus reculées où le développement économique est au plus bas. Elle permet une source de revenus et fait florès chez les exclus. Huahua, femme exubérante à la gouaille exceptionnelle, une cinquantaine d'années, anime son livestream énergiquement. En parallèle (parfois en simultané), elle accomplit toutes les tâches domestiques pour elle, sa fille et son mari : cuisiner, récurer, pouponner… Elle est donc accaparée par deux charges mentales, celle de sa famille et celle de la scène. Le film de Daphne Xu révèle le contraste entre l'univers joyeux déployé pour les applis, musical et coloré, et la réalité, assez sombre, de Huahua derrière les filtres pailletés. Cette figure courageuse reste toujours combative et s’adonne à la tâche en faisant vibrer sa voix rocailleuse. Jusqu’à se vendre elle-même sur le marché de l’amour, aux enchères. Tout ceci pour protéger la génération d’après, promise à davantage de richesses, l’éducation aidant. Source d’indépendance récréative ou nouveau devoir fastidieux ? Le sens de l’activité de Huahua reste flou, déformé par les filtres qu’elle emploie et les rôles joués devant sa caméra et celle de la réalisatrice. Généreuse, Huahua maîtrise néanmoins son image. Normal, c’est son fond de commerce.