Piblokto

Du film, le titre dit beaucoup, pour ne pas dire tout. Le piblokto, si l’on en croit la définition de Encyclopædia Universalis, est une « crise de folie passagère observée chez les Eskimos lors d'une grande émotion » mais Timofey Glinin a surtout choisi ce titre pour souligner l’ambiguïté de tout point de vue extérieur sur une culture et ses traditions.

Les images sont tout de suite rythmées par les percussions et les chants chamaniques de ce peuple vivant sur les rives de la Mer des Tchouktches, dans l’océan Arctique. Nous en visionnons immédiatement les rituels dans une vie hors du temps. Un temps et un monde méconnus. Un rapport à la mort qui n’est pas le nôtre non plus. On y chasse le morse ou la baleine et toutes les générations participent à la découpe de sa chair ; les vagues rouges qui viennent alors se frotter au corps de l’animal participent à cette poésie sombre et puissante. On y fait l’élevage de renards, pour sa fourrure. Les ours y déterrent parfois les os des défunts. Loin de nos civilisations, l’anthropologue Anastasia Shubina et Timofey Glinin, ont su restituer la dimension ésotérique qui rend ce documentaire presque magique.