Une Idylle à la plage
Réalisé par Henri Storck
L'argument est simple. La mer du Nord. La pluie tombe. Deux jeunes gens se réfugient sous un abri et se sourient. Le soleil revenu, le sable, l'eau, la mer vont servir leurs jeux amoureux. Il y a des plans magiques: les mains qui jouent dans le sable, les cheveux varechs, l'oreille coquillage, les vêtements jetés sur le sable que la mer va emporter, l'estacade transformée en grotte marine, le baiser à bicyclette, les corps qui font la roue. La mer est plus qu' un paysage, c'est une métaphore qui dit le plaisir lui-même et sert de médium à la sensualité. Les cadres jouent sur le contraste du gros plan (fragment de corps mis en correspondance avec un élément marin) et du plan d'ensemble [le corps et le paysage dans une fusion analogique). Et des contrepoints transgressifs corsent et densifient la rencontre: la caserne et la duègne, c'est-à-dire les militaires et la famille, sont désignés comme des empêcheurs de bonheur et de liberté. On comprend que les surréalistes aient reconnu ce film. Poésie et désir, loi et transgression sur fond d'antimilitarisme font d'Idylle à la plage un exemple parfait du cinéma cher à Breton.