FIGURES DE MIGRANTS

Cycle proposé par Images en bibliothèques dans le cadre du Mois du doc 2014

Dans le cinéma documentaire, beaucoup de films s’attachent à rendre compte des situations des émigrés clandestins. Images en bibliothèques a souhaité mettre en valeur un certain nombre de films récents, aux approches et traitements cinématographiques différents, qui apportent tous une vision à la fois sensible des situations individuelles des migrants, et politique liée aux enjeux de ces migrations clandestines.

Derrière le terme générique de migrant se cache une multitude de vies et de parcours. Mais l’anonymat auquel sont tenues les personnes vivant dans la clandestinité conduit facilement à percevoir les migrants comme un groupe déshumanisé à l’intérieur duquel les personnes n’ont plus d’identité propre.

Le film de Mary Jiménez, Héros sans visage, met en évidence le paradoxe entre la dureté du parcours auquel des migrants clandestins se livrent pour traverser des pays au risque de leur vie, leur anonymat obligé et l’aberrante indifférence que cela produit sur le plan social et politique. Manque de preuve, par son dispositif particulier, souligne également la distance entre la force du récit personnel et la perte d’identité causée par le statut de migrant clandestin.

Ces œuvres s’attachent à donner à voir une partie invisible de la société. Au-delà des chiffres liés à l’émigration, ils s’intéressent à la vie des personnes concernées et les motivations qui les poussent à risquer leur vie dans ces trajectoires clandestines. L’Escale de Kaveh Baktiari apporte un autre point de vue sur la réalité de migrants qui tentent de rejoindre l’Europe grâce à une approche intime, loin de la veine journalistique.

Une fois les frontières passées c’est le début d’une vie en perpétuelle fuite et clandestinité. Dans La Nuit remue, Bijan Anquetil suit de jeunes immigrés afghans qui vivent cachés pour éviter les contrôles de police. L’obscurité de la nuit est comme une protection qui leur permet de se réunir. Les jeunes afghans clandestins sont filmés par Vincent Dieutre depuis la fenêtre de son appartement dans le film Jaurès. Cette mise en scène singulière donne à voir l’organisation de la vie clandestine des migrants sur les quais de Seine, comme étant la partie cachée du «théâtre de la vie», en-dessous de la rue et le métro aérien.

Les films de Sylvain George, Qu’ils reposent en révolte et Les Éclats (ma gueule, ma révolte, mon nom), sont des œuvres artistiques fortes, qui révèlent un point de vue critique de la situation de sans-papiers en France. La photographie et le montage confèrent aux situations des personnes filmées un caractère intemporel, sans durée ni frontière.

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Date de mise à jour :