Capitale-Paysage
Réalisé par Michel Nedjar
«Dans cet hymne tourbillonnant et bigarré à Paris, sorte de nouvelle Symphonie - mais jazzée - d'une grande ville, se retrouvent l'attention presque ethnologique aux autres (présente de façon touchante par des bribes de conversations), le travail du son concret (mais ici limité à quelques répétitions en boucle ; pour le reste, les bruits de jeux électroniques, de klaxons de la Saint-Sylvestre où les paroles sont données dans leur intense clarté), les ponctuations de noir, le sens des corps (dans quelques gros plans), y compris, comme dans Diaph limite, celui des statues, les ombres s'allongeant sur les trottoirs, comme dans Ailes, les oiseaux (ici des pigeons) et, bien sûr, le goût des dérives dans la ville d'Ailes ou d'Hors jeu, ici amplifiées et orchestrées. En à peine un peu plus d'une heure, condensant près d'un an de filmage dans Paris, on a l'impression d'une unique journée de soleil (et de quelques minutes de nuit), d'un kaléidoscope continu dans la ville la plus diverse du monde. La nouveauté est l'attention au détail, qui nous vaut, au beau milieu d'une série de balayages, de chavirements, de calligraphies à la Mathieu, de véritables petits tableaux à la Gnoli: une chaussure de femme, un bouton de chandail, ou des natures mortes (si vivantes): une tasse de café, une fleur, un pain, ou l'oeil de verre d'un écorché de pharmacie, ou encore, à la façon cubiste, des éléments graphiques: telle ou telle des mille et une prescriptions qui peuplent les rues. Ce film prend ainsi place au premier rang de tous ceux (...) qui célèbrent aujourd'hui la capitale. Tissant ensemble tant «d'énergies», faisant communiquer les éléments disparates, il est la plus complète, la plus belle des oeuvres filmiques de Michel Nedjar, je veux dire: la plus belle de ses poupées de lumière.» Dominique Noguez.