Filmés sobrement, en noir et blanc, trois traducteurs confirmés, Danièle Robert, Sophie Benech et Michel Volkovitch, nous confient leur passion à offrir au lecteur français une traduction la plus sincère qui soit d'une œuvre dont chaque auteur devient un compagnon de route. Une fois imprégné de cette œuvre qui a déjà fait sens, le défi de cette réécriture pour chacun est de donner à entendre le sens mais surtout la musicalité du texte, pour un résultat harmonieux. Pour eux trois, la difficulté de traduction d'un texte italien, russe ou grec devient exaltante et cette musicalité à respecter est tout l'enjeu de leur travail. Nous retiendrons principalement ce langage musical en les écoutant. Pour y accéder au mieux, il leur faudra prendre de la hauteur, penser la partition de l'œuvre dans son intégralité, sacrifier, renoncer à certains mots, donner le sens de l'image, imaginer un élément créatif qui donnera une sonorité la plus proche possible de la musicalité du texte original. Henry Colomer alterne des plans d'intenses moments de travail et de concentration avec d'autres plus larges où il capte la parole, dont l'humilité n'a d'égale que l'intelligence du propos, chaque exemple précis et analysé nous éclairant un peu plus. On ne pouvait trouver titre de film plus juste, il s'agit bien d'un éloge du métier de traducteur, tout à fait convaincant et passionnant.