Le film est un quasi huis-clos sur toute sa durée, tourné dans l’appartement de l’un des protagonistes, dont on ne sort que rarement, pour quelques échappées impressionnantes sur les terrasses et toits de l’immeuble. Impressionnantes, car le point de vue sur le camp de Yarmouk, est assez hallucinant : immeubles délabrés, tordus, ruelles défoncées, décharges à ciel ouvert, un décor oppressant. Et eux, comme prisonniers dans cet appartement, entre leur statut sans droits, l’administration syrienne, un environnement surpeuplé réduit au chômage, à de sempiternelles discussions sur leurs déboires, espoirs, et à l’attente, toujours. Ils courent, à défaut d’une patrie à laquelle ils aspirent sans trop y croire, après les ambassades, les passeports et les pays où pourraient se construire un avenir. Alexandre Salvatori-Sinz a indéniablement tissé des liens forts avec les protagonistes, venant les revoir à intervalles réguliers et prendre de leurs nouvelles. Ils les filment avec une vraie proximité et tendresse, une réelle maitrise de la photographie et du cadre. Le film par son dispositif, du fait du tournage morcelé et étalé dans le temps, apporte un réel regard sur cette jeunesse palestinienne méconnue, soumise à l’arbitraire, et au statut sans issue et éternel de ‘‘réfugié’’...