May B

Le film de David Mambouch n'est pas une captation vidéo du ballet de Maguy Marin dédié à Samuel Beckett, mais un essai de recréation cinématographique. Au moins deux performances et deux caméras auront été en effet nécessaires pour donner de May B une image qui ne se réduise pas à une simple mise en boîte. La scène abritant la chorégraphie est ainsi soumise à un découpage cinématographique qui alterne attendus (les gros plans font voir dans le détail l'argile recouvrant les visages) et propositions (le moment de masturbation collective filmé en travellings latéraux gauche-droite et vice-versa, l'affrontement en deux groupes filmé en champ-contrechamp). La captation refusée conduit alors sur une forme alternative de théâtre-ballet filmé. Le spectacle y brille d'une beauté incorruptible, du chant de noël sublime de Gavin Bryars à l'argile qui recouvre progressivement le plateau comme de la chaux, en passant par le grand départ final qui fait tant écho au Sátántangó de Béla Tarr.