Scènes des archives de Labudović - Ciné-guérillas

Avec Ciné-Guérillas, la réalisatrice serbe Mila Turajlić rend justice à l’archive filmique : ni décorative, ni informative, restituée dans sa matérialité, elle est ici le sujet même du film, son personnage central. Car en temps de guerre, toute production d’image, fixe ou animée, est politique. L’absence d’images l’est tout autant.

L’autre personnage central, c’est bien sûr Stevan Labudović, avec qui la cinéaste a noué une belle complicité. Plus qu’un technicien, “le caméraman de Tito” est un professionnel militant devenu un combattant. La caméra de ce vieil homme un peu comique fait le lien entre deux luttes, deux pays, rappelant au passage qu’une guerre ne se gagne pas que par les armes. On redécouvre alors une page de notre histoire à travers les images des autres, ces “non-Alignés” auxquels Mila Turajlić a consacré un autre film, toujours avec Labudović pour guide. Un renversement de perspective troublant, qui devrait ouvrir de passionnants débats sur la guerre des images.