Tonratun - The Armenian History told by women

Dans un huis-clos où le geste prend toute sa place, où la narration s’installe doucement, la caméra capte avec attention ces femmes qui se racontent, qui content leurs conditions de vie dans une Arménie patriarcale où les conflits ne cessent de rythmer les décennies. Autour de la fabrication du pain, dans ce lieu où l’homme n’a pas sa place, la réalisatrice pose sa caméra et se fond discrètement dans le décor, se glisse dans leur intimité. Elle questionne. Et avec beaucoup de pudeur et parfois avec douleur, ces femmes livrent leur vie, leurs souffrances. Et si la fabrication du pain dans ce tonir a un rôle principal et nous émerveille par ces gestes assurés et répétés, il n’est qu’un prétexte. Si elle filme ce lieu de partage où ces femmes se retrouvent et parlent de tout et de rien, Inna Mkhitaryan n’en a pas moins fait un film politique sur la question d’être une femme dans l’Arménie d’aujourd’hui. «Quel intérêt d’être une femme si ce n’est pour accoucher » dira d’ailleurs l’une d’elles. Un film aux couleurs tendres qui contrastent avec le sujet.