Cycle La Cinémathèque du documentaire 2023

CHERCHER REFUGE sur les pentes du Vercors

Cycle programmé par Équipe de Programmation, À bientôt j'espère dans le cadre de La Cinémathèque du documentaire 2023

Au pied des incroyables falaises du Vercors, arrêtons-nous pour regarder des pépites du cinéma documentaire, lire dans l'herbe, discuter avec des inconnu·e·s, et rencontrer les obsessions d'anthropologues revenu·es de leur terrain d'enquête.

Chaque parcours est à vivre dans son intégralité, du premier film jusqu'à la rencontre du lendemain matin... avec une nuit en gite ou sous la tente à vivre sous les étoiles. C'est une belle manière d'entamer les vacances avec plein de choses à raconter.

Et vous, lequel des deux parcours choisirez-vous ?

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VENDREDI 30 JUIN - DE 18H30 AU LENDEMAIN MATIN

L'UN SÈME, L'AUTRE RÉCOLTE

Le zaatar ? L'épice préférée du chef Ottolhengi. L'arnica ? Un remède contre une mauvaise chute. Un grain de café ? L’annonce d'un expresso bien serré. Le pavot ? Des graines sur un petit pain doré.

Les plantes – sauvages, cultivées ou transformées – sont à la fois omniprésentes dans nos quotidiens et résolument absentes. On les utilise, on les adore, on en dépend, mais on ne sait rien d’elles, ni de leurs contextes – de maturation, d’exploitation, de production, de transport. Car oui, souvent, les plantes ont connu des ailleurs, des parcours incertains, des changements de dénominations et de catégories avant de se trouver dans nos vies.

Alors on lève le rideau, on change de point de vue, on pénètre dans l'envers du décor de l'économie globalisée et on reprend : le zaatar, l’arnica, le café et le pavot ? Des plantes politiques, à leur insu évidemment, prises au cœur de conflits et d’enjeux à la fois locaux et internationaux. Pas de rose sans épines.

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SAMEDI 1ER JUILLET - DE 14H AU LENDEMAIN MATIN

UN SEC, UN STÉRILE TONNERRE, SANS NULLE PLUIE

Contempler une forêt morte. Et la mitrailler avec son téléphone. Vivre à quelques mètres d’un barrage qui pourrait céder. Et ne plus en dormir la nuit. Fuir son village. Et ses champs brûlés par l’ennemi. Collecter les déchets marins sur un rivage qui ne cesse de grignoter la terre. Et constituer un répertoire de la pollution plastique.

Qu’est-ce que vivre sous la menace de la destruction ? Comment recevoir la violence de la nature, elle-même détruite par les humains ? Face à la terre rendue « vaine », pour reprendre les mots du poète de la guerre et de la dévastation T. S. Eliot,

face au « sec et stérile tonnerre sans nulle pluie », qui gronde mais n'offre rien, comment déjouer violence, angoisse et solitude ?

Par la révolte, certainement. Mais peut-être aussi par un art de l'attention qui fait de la nature un habitat, et non plus une ressource.

 

Dans ce cycle

  • 5 films
  • 2 projections
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Projection : 30 juin 2023 à 18h30 - Ferme du Clos (Auvergne-Rhône-Alpes , Chatelus )

  • Cette séance était accompagnée

    LA DISCUSSION DU LENDEMAIN MATIN À L’OMBRE DES CHAMPS DE PAVOT EN FLEUR ------------------------------------------------

    AVEC ADÈLE BLAZQUEZ - ANTHROPOLOGUE

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    Suite à une longue enquête ethnographique dans une commune rurale du nord-mexicain, épicentre d'une « guerre contre la drogue » qui a fait plus de victimes depuis le début du XXIe siècle que les conflits en Afghanistan ou en Irak, Adèle Blazquez s’intéresse à celles et ceux que le cinéma ou les séries comme

    « El Chapo » laissent dans l'ombre de leurs récits : des villageois·es et des producteur·rices pris·es en étaux entre exploitation et répression, qui déploient des techniques et des stratégies pour vivre au quotidien, se protéger et s’en sortir dans un contexte aussi incertain et violent qu'administré et surveillé.

    Une enquête magnifique dans l'envers du décor de l’économie globalisée : sensible, précise et politique.

    -------- Adèle Blazquez est chercheuse en anthropologie au CNRS. Quand elle n'est pas sur le terrain au Mexique, elle habite à Aubervilliers, où elle porte parfois ses sempiternelles santiags. Ses recherches portent sur l'expérience quotidienne et les structurations des rapports sociaux, économiques et de genres dans des situations de violence. Elle est l'autrice de L'aube s'est levée sur un mort, violence armée et culture du pavot au Mexique.

Projection : 01 juillet 2023 à 14h - Ferme du Clos (Auvergne-Rhône-Alpes , Chatelus )

  • Cette séance était accompagnée

    LE BLEU DES OISEAUX BLEUS DE COLÈRE ET DE RAGE LA DISCUSSION DE L'APRÈS-MIDI AVEC MICHEL NAEPELS ANTHROPOLOGUE

    Comment décrire, avec précision, le vécu singulier des personnes les plus vulnérables sans en dépolitiser les causes ? À l'inverse, comment raconter des logiques et des structures de pouvoir sans faire fi de celles et ceux qui sont les plus exposé·es?

    À partir d’enquêtes ethnographiques dans des contextes coloniaux et post-coloniaux marqués par des conflits (Nouvelle-Calédonie et RDC), Michel Naepels s’attache à décrire des situations dans lesquelles « la confiance est un bien rare ». Il s'agit ici d'articuler l’exploitation de l’homme et de la nature avec la construction de soi; la violence du capitalisme extractif avec les larmes, la solitude et la colère... sans oublier jamais le chant des merles.

Date de mise à jour :