Depuis toujours, Ran Blake mélange les genres : jazz et classique, cinéma et musique, création et enseignement, et tout d’abord passé et présent. « Je suis un drogué au passé » dit il. Etre vieux, c’est parfois vivre et revivre les fulgurantes rencontres de la vie, pour se saoûler des meilleurs souvenirs en convoquant encore et toujours les amis : chanteuses, musiciens, ou acteurs, tous ceux que le pianiste retrouve à longueur de visionnage de films. Ses fantômes racontent sa longue histoire de vie. Abbey, Monk, Mingus, Chabrol, et bien sûr Jeanne Lee, chanteuse, unique et adorée.
Entouré de son chat, de ses assistants ensuite qui l’accompagnent dans son combat quotidien d’enseignant, de concertiste, de pianiste, dans le tri de ses archives, ses traces de travail et de vie, il livre un émouvant parcours. La relation qu’il entretient avec la musique de film est passionnante lorsqu’il la clame; passionnante aussi sa lecture du cinéma et ce que son écriture produit chez le spectateur cinéphile.
Antoine Polin réussit à nous embarquer dans la bienveillance de son regard tendre et amical. Partager cette intimité devient alors pour nous, un moment de plaisir et de tendresse.