Avec son second court-métrage, Ismaël Joffroy-Chandoutis approfondit son travail d’hybridation des formes. Son film est un terrifiant voyage dans les jeux en ligne et leurs univers persistants. Des mondes que chacun peut rejoindre de jour comme de nuit, et dont certains diffusent leur parcours de jeu en se filmant avec la webcam de l’ordinateur.
Mais certaines sessions sont interrompues par de mauvais canulars téléphoniques, attirant la police sous prétexte de violence par arme à feu. Capturée par webcam, l’intervention policière ridiculise la victime en direct.
Comme dans son film précédent, le cinéaste s’intéresse à la manière dont l’invisible fait irruption dans le réel. Dans beaucoup de jeux, le joueur affronte la police à l’écran. Mais dans Swatted, le joueur fait face en retour à des policiers en chair et en os, armés jusqu’aux dents.
Ce détournement pervers met le doigt sur les dangers qui menacent une société, où chacun filme l’autre constamment, où les données personnelles circulent massivement. Le numérique donne aux images un pouvoir bref mais exorbitant. Avec Swatted, nous contemplons un monde aux lueurs inquiétantes, à travers les images vectorielles et tronquées de l’industrie vidéoludique.