Au large de l’île d’Heimaey, au Sud de l’Islande, un chalutier fait naufrage le 11 mars 1984. Guðlaugur Friðþorsson est le seul à regagner la côte à la nage. Les quatre mille habitants de l’île connaissent tous l’histoire du miraculé. Car l’île vit au rythme des saisons de pêche et des récits de catastrophes, nourris par une nature particulièrement hostile.
La mémoire des disparus comme celle des éruptions volcaniques se transmet de génération en génération depuis des siècles. Marion Jhöaner distille cette oralité avec précaution, en plaçant progressivement l’Homme dans la démesure du paysage.
Magnifiant l’océan et les cotes balayées par les vents, sa caméra approche ainsi, petit à petit les hommes comme de rares silhouettes, aperçues au détour d’un quai ou d’un entrepôt. Le port de pêche est le centre de la vie de l’île, point de rencontre entre la mer et les hommes. Peu acceptent de parler, car tous déplorent un parent disparu en mer.
Pour filmer l’indicible, la mémoire d’une souffrance collective, Marion Jhöaner filme la terre noire et meurtrie comme un personnage, que nous quitterons lentement par la mer, encore hanté par la lumière bleue et les récits des marins-pêcheurs.
A télécharger : le dossier de presse du film : Synti%2C%20Synti%20%28l%27i%CC%82le%20e%CC%81corche%CC%81e%29_DP.pdf