Audiodescription : Retour d'expériences Mois du doc 2019
Ateliers de sensibilisation ou séances audiodécrites : des participants racontent l'organisation d'actions d'audiodescriptions menées lors du Mois du doc 2019, qui s'inscrivent souvent dans des projets plus larges d'accessibilité.
Atelier d'audiodescription avec Retour d'images à la médiathèque de Bordeaux
Quelles sont les raisons qui vous ont poussée à organiser cette programmation?
Depuis plusieurs années la bibliothèque programme une fois par mois un film en audiodescription. ces projections rencontrent un vif succès tant auprès du public non voyant que du public valide. Il avons voulu proposer cet atelier dans le but de montrer les coulisses de ce dispositif, de sensibiliser au handicap et d'impliquer plus activement notre public à nos rendez vous mensuel
C'était l'occasion d'intégrer un volet participatif à notre programmation dans le cadre du mois du film documentaire et d'aborder l'éducation à l'image d'une manière originale
Comment vous avez choisi la forme de votre séance (atelier d’audiodescription/ séance audiodécrite)?
Nous avons choisi un atelier d'audiodescription animé par deux intervenantes de l'association Retour d'image. Les participants étaient en binôme mixte: 1 personne déficiente visuelle avec 1 personne valide de manière à favoriser le travail en équipe et la co-construction. Un goûter était prévu pour la convivialité et permettre de reprendre des forces (l'atelier dure 3h!)
Comment vous avez travaillé en amont avec l’audiodescriptrice pour affiner la forme de la séance?
Nous avons échangé pour choisir ensemble l'extrait de film audiodécrit, le public ciblé et les objectifs à atteindre.
Quelles sont les questions pratiques et concrètes à avoir en tête quand on organise ce type d’événement (comment communiquer, quelle signalétique, quelles contraintes d’accessibilité de la salle, quel équipement …)
Il faut être attentif à mener une communication adaptée par des affiches et mail en grand caractère, des pictos, annonce dans les réseaux sociaux.
Nous avons communiqué auprès des habitués des projections mensuelles, auprès structures partenaires recevant le public déficient visuel
L'atelier s'est déroulé dans une salle dédié au multimédia. Le matériel à disposition répondait aux besoins demandés par les intervenantes. La salle n'est pas équipée pour l'accessibilité, les bibliothécaires étaient disponibles pour accompagner les personnes déficientes visuelles participant à l'atelier. La petite collation a été très appréciée et nécessaire!z
Ce fut un moment aussi agréable qu'enrichissant grâce à l’enthousiasme des participants et au savoir faire des 2 intervenantes (Marie-Pierre Warnaut et Marie Flore) de l'association "Retour d'Image". La possibilité de mixer les publics est pour beaucoup dans la qualité de cet atelier. Nous avons reçu d’excellents retours de la part des participants. Ce fut une 1ere expérience à renouveler volontiers!
Océane Gareta, bibliothèques municipale de Bordeaux
Séance audiodécrite de films scientifiques à la Bnf
Quelles sont les raisons qui vous ont poussée à organiser cette programmation?
L'idée de la séance organisée en novembre avec Marie Diagne est née directement de la journée professionnelle d'Images en bibliothèques sur l'accessibilité ! J'ai été tellement séduit par l'exercice d'évocation parlée d'une séquence qu'elle nous a proposé, que je lui ai proposé, dans le feu de l'enthousiasme, le jour même, d'organiser une séance avec des images scientifiques a priori situées tout à fait hors du champ de l'expérience sensible ordinaire du spectateur. Elle a marché tout de suite. C'est plus tard que nous nous sommes aperçus (surtout elle) de l'énormité du défi !
Comment vous avez choisi la forme de votre séance (atelier d’audiodescription/ séance audiodécrite)?
La forme de la séance se coule dans le moule du Cinéma de midi, c'est à dire un double programme où les films qui se répondent à distance, mettant en relief par un effet de montage leur singularité d'écriture et d'époque. Nous avions déjà un cycle sur les images de la science au programme, la séance avec Marie Diagne s'insérait dans ce cycle.
La séance en question comprenait un duo de Painlevé muets et Planète Z de Momoko Seto.
Comment vous avez travaillé en amont avec l’audiodescriptrice pour affiner la forme de la séance?
Au départ, j'avais pensé que chaque film serait précédé de l'audiodescription. Il s'agit d'inviter le spectateur à se projeter le film imaginairement, dans le noir derrière ses paupières, avant de le voir sur l'écran. Finalement, en en discutant avec Marie Diagne, nous avons pensé que cette formule aurait un caractère répétitif et fastidieux. Elle a donc varié les dispositifs au fil des trois films : si je me souviens bien, pour le premier, Marie a fait l'audiodescription sous la formule d'une lecture sur scène, avant la projection ; le second film a été décrit en direct depuis la cabine de traduction, les spectateurs pouvaient l'écouter au casque ou non suivant leur préférence ; elle a décrit le dernier (Planet Z) depuis la cabine, mais en mode aérien. C'était à chaque fois une expérience très différente pour le public (voir / ne pas voir la personne qui parle ; voir / ne pas voir le film en même temps que sa description). Et bien sûr très différent aussi suivant que le public était malvoyant ou non
Marie Diagne a fait un énorme travail préparatoire, pour évoquer les sensations de mou, de dur, de mouillé, etc... que suscitent ces images. Elle me racontait qu'elle déambulait dans son jardin mouillé par la pluie en Bretagne, à la recherche des mots justes. Nous parlions par téléphone de "L'art perdu de la description de la nature" de Romain Bertrand.
Quelles sont les questions pratiques et concrètes à avoir en tête quand on organise ce type d’événement (comment communiquer, quelle signalétique, quelles contraintes d’accessibilité de la salle, quel équipement …)
Nous avons eu une poignée de spectateurs malvoyants seulement, et autour de 70 spectateurs voyants, habitués ou non, tous ravis. Les difficultés d'accès au bâtiment de la BnF, le fait que c'était la première fois qu'une telle séance était organisée, expliquent aisément cela. Cela se passerait différemment ailleurs. Nous avons eu la preuve, indéniablement, qu'il y a un public pour l'audiodescription traitée poétiquement.
Alain Carou, Chef du service Images, Bibliothèque nationale de France
Séance Audiodécrite Les Chèvres de ma mère à la Médiathèque de Gap
Quelles sont les raisons qui vous ont poussée à organiser cette programmation?
Mes collègues du secteur adulte ont un partenariat depuis plusieurs années avec une association locale dynamique "Alpes Regards 05". Elles les reçoivent notamment un mardi après-midi sur deux pour faire découvrir le matériel et les collections adaptés disponibles à la médiathèque. Nous avons deux téléagrandisseurs, un ordinateur équipé de deux reconnaissances vocales ( Zoomtext et NVDA ), deux lecteurs VICTOR, une loupe électronique, deux scanners, une plage de lecture braille et depuis peu une ressource presse en ligne (avec 6 titres disponibles ) Vocal Presse. Nos collections adultes comprennent des livres en grands caractères et des livres audio, nos collections jeunesse comprennent des livres en braille et des livres audio également. Nous identifions aussi maintenant les DVD qui contiennent l'audiodescription en français (idem pour les sourds et malentendants) au niveau du catalogage et avec une pastille tactile. Nous ne possédons pas d'étagère spécifique en revanche.
Comment vous avez choisi la forme de votre séance (atelier d’audiodescription/ séance audiodécrite)?
La forme a changé au cours du projet. Nous avions été séduits par la présentation de Marie Gaumy lors des Ateliers du Mois du doc. Pour différentes raisons dont le budget, nous n'avons pu la faire venir. Nous avons cherché d'autres audiodescripteurs en vain.
Finalement nous avons choisi Les Chèvres de ma mère. La réalisatrice devait venir et au dernier moment elle a eu une proposition de mission de tournage en Afrique... Elle nous a écrit une lettre à destination des spectateurs et l'audiodescripteur (Morgan Renault) du film a aussi écrit une lettre. Il habitait trop loin pour venir. D'ailleurs, sans la réalisatrice nous n'aurions pas trouvé le nom de cette personne. Les audiodescripteurs vivent dans l'ombre. Les audiodescripteurs que j'avais trouvés vivent tous dans l'ouest ou à Paris. Vivant dans le sud est, c'était compliqué pour eux et pour notre budget...
Quelles sont les questions pratiques et concrètes à avoir en tête quand on organise ce type d’événement (comment communiquer, quelle signalétique, quelles contraintes d’accessibilité de la salle, quel équipement …)?
La communication a été très facile à mettre en place : l'association fédère toutes les personnes susceptibles d'être intéressées. Nous avons dû refuser du monde. Il y a avait parmi le public des personnes voyantes et des personnes malvoyantes. Les échanges qui ont suivi ont été très constructifs. Nous avons calé la séance sur le RDV régulier du mardi. De nombreuses personnes malvoyantes se déplacent en bus. Il fallait donc que la séance se passe en journée. Nous acceptons depuis toujours les chiens d'aveugles. Et nous étions deux professionnelles en plus des bénévoles de l'association pour aider les personnes à s'asseoir. Sur les affiches, le logo audiodescription était mentionné.
Gaëlle Pineau, Médiathèque de Gap, Responsable cinéma Secteur Jeunesse
Projection discussion L'Oeil du tigre à la Médiathèque de Vélizy-Villacoublay
Quelles sont les raisons qui vous ont poussée à organiser cette programmation ?
Cela faisait longtemps que je souhaitais travailler sur le sujet, car la médiathèque (où je suis arrivée en février 2018) travaillait depuis un moment sur l’accès aux collections pour le public en situation de handicap. J’ai suivi la journée d’études d’Images en Bibliothèques fin 2018 sur le sujet et aussi l’atelier en avril 2019, où j’ai rencontré les audiodescriptrices qui m’ont encore plus donné envie de monter une animation là-dessus et sous la forme d’un atelier
- comment vous avez choisi la forme de votre séance (atelier d’audiodescription/ séance audiodécrite ..),
Le choix du film était parti de notre thématique « Mois du doc » qui était « Girl Power », j’avais donc cherché dans les films proposés sur votre site et choisi L’œil du tigre et donc l’audiodescriptrice Marie Gaumy.
Comment vous avez travaillé en amont avec l’audiodescriptrice pour affiner la forme de la séance ?
Comme nous avions une majorité d’inscrits non-voyants, Marie Gaumy a changé son approche par rapport aux ateliers qu’elle fait d’habitude et cela a plus été une discussion entre les voyants et les non-voyants autour de notre façon de percevoir les films et l’audiodescription.
Quelles sont les questions pratiques et concrètes à avoir en tête quand on organise ce type d’événement (comment communiquer, quelle signalétique, quelles contraintes d’accessibilité de la salle, quel équipement …) ?
Pour l’instant, malgré pas mal de communication (affiches, Facebook, flyers, télé locale…) le mois du film documentaire n’attire pas les foules. Nous n’avons pas eu de problème pour l’accessibilité, les personnes qui venaient étaient motivées. Comme équipement technique nous avions : 1 ordinateur portable avec lecteur de DVD, le DVD de la médiathèque, pour le son : un ampli avec 4 enceintes, dont un caisson de basses que nous avons dû couper à cause du problème de réverbération dans la salle, un vidéo projecteur HDMI et un grand écran sur pied. C’est le matériel que nous utilisons d’habitude pour nos projections et dans la salle que nous utilisons habituellement cela ne pose pas trop de problème.
Par contre il y a eu des problèmes techniques et si je devais refaire ce genre d’animation, je le ferai autrement :
· le choix de la salle, comme notre salle habituelle de projection n‘était pas libre, nous nous sommes mis dans la salle où mes collègues du secteur Jeunesse font l’heure du conte. Mais c’est une salle qui résonne beaucoup trop et en plus le mixage du film n’était pas terrible (aux dires de Marie Gaumy) ce qui fait que dès que le fond sonore du film était un peu bruyant, on avait du mal à entendre l’audiodescription
· le choix du film, d’un côté c’était très intéressant parce que le personnage principal était non voyant et que cela a influencé la perception de l’audiodescription, mais c’était aussi trop long pour un atelier, je pense qu’ un court ou un moyen métrage aurait été plus adapté
En conclusion, je ne regrette pas du tout d’avoir fait cet atelier, même si j’aurais aimé que plus de public y assiste. Cela a été une très belle rencontre avec Marie Gaumy et je crois que pour elle aussi cela a été intéressant, elle m’a dit qu’elle n’avait pas trop l’habitude d’échanger avec un public non-voyant. Le fait qu’en plus ces adhérents de Valentin Haüy aient une grande habitude et un grand intérêt pour l’audiodescription ont ajouté à l’intérêt de l’atelier. Merci à Images en Bibliothèques pour m’avoir permis de faire ça.
Hélène Kretschmar, Chargée de la musique et du cinéma, Médiathèque de Velizy-Villacoublay
Carré 35 audiodécrit en direct à la Médiathèque Jean Falala de Reims
Quelles sont les raisons qui vous ont poussée à organiser cette programmation ?
D'une part, nous avons, sur le réseau des bibliothèques de Reims, une politique très forte en faveur du public handicapé. Le réseau des bibliothèques de Reims a recruté un animateur / bibliothécaire dont la mission consiste à mettre en place des actions en faveur du public malvoyant. D'autre part, en 2019, nous avons bénéficié du soutien financier de la Cinémathèque du documentaire ; ce qui nous a permis de mettre en place deux animations "Mois du film documentaire" en direction de ce public. Sans ce soutien, nous n'aurions pas eu les moyens financiers d'étoffer cette offre au public handicapé. Nous étions ravis de diversifier notre public à l'occasion du Mois du film documentaire.
Sans oublier un dernier élément, nous avons vu l'offre d'Images en bibliothèques, lors du Mois du film documentaire, qui nous défrichait le terrain en nous mettant en contact avec des professionnels de l'audiodescription. Tout le travail en amont avait été fait.
Comment vous avez choisi la forme de votre séance (atelier d’audiodescription/ séance audiodécrite)?
De manière pragmatique, nous avons privilégié l'intervenante qui pouvait venir aux dates que nous nous étions fixés et dont les interventions ne nécessitaient pas beaucoup de préparation. Ensuite, d'un point de vue financier, comme nous avions le soutien de la Cinémathèque du documentaire, nous nous sommes permis de programmer un atelier + une projection en audiodescription.
Comment vous avez travaillé en amont avec l’audiodescriptrice pour affiner la forme de la séance ?
L'intervenante nous a donné une liste de matériel pour l'atelier, elle nous a raconté globalement le déroulé d'un atelier et, en ce qui concerne la projection, nous avons choisi un film dans la liste qui nous était proposée.
Aucun film n'était proche de notre thématique, aussi nous avons choisi un film documentaire connu, qui connaissait un certain succès, Carré 35 d'Eric Caravaca. D'ailleurs, des personnes non malvoyantes sont venues à la séance.
Quelles sont les questions pratiques et concrètes à avoir en tête quand on organise ce type d’événement ?
L'atelier avec notre intervenante nécessite un peu de matériel (plus avec d'autres professionnels que nous n'avons pas retenus) : un vidéoprojecteur, un ampli, un ordinateur, un micro, un écran... etc. Cependant, tout ce matériel n'a pas été utilisé (le déroulé de l'atelier n'a pas été le même que celui annoncé. L'intervenante s'est adaptée au public présent). Il faut penser que le public malvoyant prend du temps à s'installer et que des chiens aveugles peuvent rentrer dans la salle. Un accompagnant est nécessaire pour aider les personnes à s'installer.
Pour la projection en audiodescription, là aussi, il faut du bon matériel son afin de croiser les deux pistes sonores. Dans notre cas, nous avons la chance de bénéficier d'une salle bien équipée. Cependant, nous avons eu un petit souci qui a son importance : c'est la bibliothèque qui a négocié les droits de projection du film (il faut rappeler que ces droits ne font pas partie du forfait du professionnel) et a fourni le DVD pour la projection. Le film du DVD ne correspondait pas au scénario de l'audiodescriptrice qui, elle, avait travaillé sur la version cinéma. Il faut se mettre d'accord sur quelle version le professionnel travaille. La personne s'est adaptée mais cela peut perturber la lecture de l'audiodescripteur.
De plus, il faut savoir qu'un film documentaire n'est pas un film de fiction. L'approche de l'audiodescripteur est différente et peut paraître déroutante (ex : présence de la voix off dans le documentaire qui laisse parfois peu de place à l'audiodescription).
Pour la communication, ma collègue a travaillé très en amont pour faire venir les personnes malvoyantes à l'atelier et à la projection.
Sophie Lamy, Médiathèque Jean Falala, Reims