Le Cinaimant

Un outil pédagogique conçu par l’enseignante spécialisée Sylvie Mateo et produit par Cinémas du Sud & Tilt.

Pourquoi avons-nous choisi, à Images en bibliothèques, de faire découvrir Cinaimant aux bibliothécaires ?

Tout simplement parce que, lorsque nous l’avons découvert, il nous est tout de suite apparu que nos mais de Cinéma du Sud/Tilt avaient inventé un outil à la fois simple d’utilisation, et riche de possibilités, certaines explorées et même éprouvées, et d’autres qui restent à inventer.

C’est donc pourquoi nous avons voulu inviter les professionnels à faire connaissance  avec cet original coffret en métal et à en déballer, comme un cadeau, les objets qu’il contient. 

Cinaimant, c’est un peu comme ces célèbres petites briques danoises en plastique multicolores qui font la joie des enfants – et de pas mal d’adultes – dans le monde entier. Avec elles, on peut tout aussi bien reproduire un modèle, qu’en imaginer de nouveaux, les possibilités semblent infinies.

Avec  Cinaimant, ce ne sont pas des maisons, des bateaux, des voitures, des fusées… que l’on construit : ce sont des espaces de paroles.

Le cinéma, les vidéothécaires le savent, est un excellent créateur d’assemblée, et déclencheur de paroles. Et il y a de multiples façons de partager le cinéma. C’est pourquoi  les bibliothèques sont de plus en plus des lieux où l’on montre des films, et surtout où l’on en parle, voire où l’on en fait : du simple conseil auprès d’un usager, à l’organisation de débats, de rencontres avec des auteurs ou des professionnels,  de dispositifs d’éducation à l’image et aux médias, d’ateliers d’écriture de scénario, de tournage, de montage…

Cinaimant permet d’aller plus loin encore : ce qu’il permet de fabriquer, avec des moyens à la portée de tous (et donc en particulier d’un bibliothécaire !), ce sont des espaces communs d’écoute. Regarder un film ensemble, en silence : il sera temps ensuite d’en parler, mais surtout  d’écouter et de ressentir ce que d’autres ont vu et entendu. Et de faire apparaître ainsi, comme une évidence, ce fait si important pour la vie en société : nous ne voyons ni n’entendons jamais tous la même chose, dans un film comme dans le réel. Comme disait Jean Renoir, « ce qui est terrible sur cette terre, c’est que tout le monde a ses raisons ». Certes, cela peut être terrible. Mais cela peut aussi être une chance et une richesse, pour peu qu’on fasse l’effort de partager le regard que nous portons, les uns et les autres, sur les êtres et sur les choses.

A partir de là, comme avec les petites briques de couleur, tout est possible : simplement voir les films ensemble, et en parler ; imaginer un film à partir de photogrammes, et  confronter nos inventions avec le film de départ ; inventer un autre film, ou simplement un autre montage ; faire une analyse formelle détaillée, plan par plan ; imaginer une suite ; raconter la vie d’un personnage ; « indexer » le film pour en tirer une liste de mots significatifs ; …

Une des grandes richesses des médiathèques, c’est aussi d’être des lieux où peuvent s’inventer des parcours entre une œuvre et beaucoup d’autres. Pourquoi ne pas proposer aux participants de partir à la découverte des collections pour choisir dans le fonds, et partager, un roman, une bande dessinée, une chanson, un autre film,… auquel celui qu’ils viennent de voir ensemble les fait penser ?

Les possibilités sont infinies. Pour ma part, en voyant Boomerang de David Bouttin, j’ai pensé à l’extraordinaire livre de Florence Aubenas Le Quai de Ouistreham (Editions de l’Olivier, 2010). Mais aussi, dans un genre très différent, et parce que le vélo y joue un rôle un peu équivalent à la voiture dans celui-ci, au bouleversant Voleur de bicyclette (Vittorio De Sica, 1948). Le film peut ouvrir à des discussions sur des thèmes variés : la précarité, le rôle de la voiture, la mondialisation, la dignité dans la misère,…

Chez moi, de Phuong Mai Nguyen, petit bijou de cinéma d’animation, nous renvoie aux souffrances de l’enfance, à la violence envers eux de certains adultes, mais aussi à la découverte de la différence, à la jalousie, et enfin  à la force du lien entre la mère et l’enfant. Mon esprit a voyagé vers un autre chef d’œuvre du cinéma d’animation, vers le merveilleux Père et fille de Michael Dudok de Wit…

Graines au vent de Paul Carpita a été réalisé cinq ans après Les 400 coups de François Truffaut, et il est impossible je crois de ne pas y penser en le voyant. On ressent à la fois le désarroi de cet enfant et son intense soif de liberté. L’école ne semble pas faite pour lui, mais à voir son sourire éclatant lorsqu’il apprend tous les métiers du port, je me suis pris à penser à l’essai critique de l’universitaire américain Matthew B. Crawford Eloge du carburateur, essai sur le sens et la valeur du travail, qui  souligne les conséquences profondes de la dévalorisation, dans nos sociétés, du travail manuel.

Mais ce petit film de fiction est aussi un véritable documentaire sur l’activité du port de Marseille dans les années 60. Quel contraste avec ce que sont devenus les ports aujourd’hui, comme on peut le découvrir par exemple dans le film et le webdocumentaire La mer est mon royaume de Marc Pitavez (2015 – en ligne sur http://www.seaismycountry.com/)

Bien sûr, ces quelques pistes sont celles qui me sont venues sur l’instant. D’autres que moi auraient imaginé d’autres relations avec d’autres œuvres. La force de Cinaimant, c’est de ne fermer aucune piste.

N’hésitez donc pas à vous saisir de ces quelques petits objets contenus dans cette boite en métal. Découvrez-les, mélangez-les, perdez-les : sentez-vous libre de vous les approprier comme vous l’entendez, ils sont faits pour ça. Que votre but soit de faire découvrir à vos interlocuteurs une langue qui ne leur est pas familière ou comprendre la grammaire du cinéma, que vous vouliez engager une discussion sur un sujet de société, que vous vouliez faire vivre une assemblée entre personnes qui partagent une condition semblable, ou au contraire qui n’ont que peu de choses en commun, les trois films qui sont ici proposés seront propices à créer l’espace de paroles et d’écoutes qu’il est plus que jamais dans les missions dans les bibliothèques d’offrir à tous.

Jean-Yves de Lépinay

Qu’est-ce que Cinaimant ?

Cinaimant est un outil pédagogique ludique qui permet des interventions éducatives et culturelles collectives. Il permet, grâce à l’analyse filmique, une exploitation et une conceptualisation de la langue. Les activités qu’il est possible d’élaborer avec Cinaimant sont variées : éducation à l’image, élaboration de l’expression et du langage. Il a été conçu par l'enseignante spécialisée Sylvie Mateo, et produit par Cinémas du Sud & Tilt.

L’outil s’adresse particulièrement aux acteurs sociaux, aux intervenants et formateurs assurant un ensemble d’actions en alphabétisation, en Français Langue Etrangère (FLE), en remise à niveau et/ou contre l’illettrisme. Il convient également aux professionnels assurant des actions d’éducation et d'analyse d’images.

Le coffret contient trois courts-métrages qui diffèrent de par leurs formes et expressions cinématographique. Leur point commun ? Mettre-en-scène un personnage qui découvre pour la première fois un univers inconnu. L’Amérique pour L’Emigrant de Charles Chaplin, la piscine pour La leçon de natation de Danny De Vent et le conservatoire pour Réplique de Antoine Giorgini. Il existe deux coffrets avec des films différents.

Pourquoi utiliser Cinaimant ?

En plus d’être un support ludique pour l’apprentissage des langues, Cinaimant est un dispositif ouvert qui permet aux médiateurs de s’appuyer sur l’image et le son pour s’interroger sur le cinéma. Les possibilités de Cinaimant sont infinies puisque les éducateurs peuvent s’approprier le dispositif et créer de nouvelles activités à partir des photogrammes aimantés. Ce jeu est l’occasion d’initier un dialogue sur le cinéma, sur la composition de l’image ou des ressorts scénaristiques, il permet de développer un esprit critique, tout en favorisant la cohésion sociale.

Cet outil est adapté à un usage en médiathèque, pour des groupes d’enfants ou d’adultes. Il est nécessaire de prendre le temps de bien connaître les courts-métrages et de préparer en amont les animations. L’idéal est de pouvoir se former à Cinaimant au moment de l’acquisition du jeu.

Le coffret comprenant les films, les photogrammes et un livret pédagogique est au tarif de 90€.

Plus d’informations sur le site de cinetilt : https://seances-speciales.fr/transmission/cinaimant/

Si vous êtes intéressés à l’idée de mettre en place une formation sur Cinaimant, contactez Florian Lecron, chargée de formation et d’action pédagogique à Images en bibliothèques : a.calzadaatimagesenbibliotheques.fr (f[dot]lecron[at]imagesenbibliotheques[dot]fr) / 01 43 38 07 97.

Photographie : Une séance Cinaimant © Cinémas du Sud & Tilt/Delphine Camolli

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