Adieu, la mémoire des lieux
Réalisé par Stavros Psillakis
En Crète, la guerre civile a débuté un an de décalage par rapport au reste de la Grèce et s'est achevée en 1948, un an avant la défaite de la guérilla. Cependant, une partie des partisans vaincus n’est pas en mesure de quitter leur terre natale. Ceux qui restent, d'abord piégés dans la région de Lefka Ori (Montagnes Blanches), se réfugient par la suite pendant les années qui ont suivi dans des grottes escarpées, des abris et des endroits impossibles d'accès pour se cacher.
Outre les dangers naturels comme les rochers escarpés, pointus et glissants de ces grottes, qui au fil du temps leur sont devenus de plus en plus familiers, ils devaient également se battre avec un autre ennemi avec lequel ils ne se réconcilieraient jamais : la gendarmerie qui les pourchasse partout. Mais les lieux les ont bien cachés. À l'intérieur de ces grottes isolées, ils construisent leur maison et leur base : ils vivent, cuisinent, dorment, travaillent. Ils ont aussi l’aide précieuse de Crétois qui ont toujours montré leur soutien et leur solidarité aux rebelles, jusqu'à la fin, -parfois- jusqu'à la mort.
Revenant aux images qu'il a tournées pour son documentaire “Il n'existait pas d’autre voie” (2009), Stavros Psillakis nous fait découvrir le réel de cette vie à travers le témoignage bouleversant de l’un de ces anciens partisans. Aujourd’hui un homme de 87 ans, courageux et humble, Yiannis Lionakis retourne aux endroits où il a vécu en cachette après la fin de la guerre civile. Et ce pendant 14 ans de persécution. Une épreuve qui a marqué sa vie à jamais.
